RENCONTRE | Zélia Couquet, co-fondatrice de Réa.
Architecte de formation, Zélia Couquet a créé en 2017 une application de suivi de chantier destinée autant aux professionnels de la construction, qu’aux particuliers s’essayant à l’exercice.
Réa. a été pensé comme un outil ergonomique et abordable pour tous.
Nous retrouvons Zélia à Paris pour qu’elle nous parle de son parcours et de ses projets.
Bonjour Zélia, merci d e nous recevoir dans tes bureaux pour cette interview. Peux-tu te présenter ?
Bienvenue Agathe !
Je m’appelle Zélia, j’ai 28 ans et déjà vécu plusieurs vies professionnelles. Je suis quelqu’un de curieux qui aime découvrir de nouvelles choses. C’est difficile de rester dans un moule !
Du coup aujourd’hui tu te définis plutôt comme architecte ou développeur ?
Pour moi, je suis architecte d’intérieur ayant fait des études d’architecture. En commençant mes études, je me suis laissée convaincre de faire une école d’architecture plutôt qu’une école d’architecture d’intérieur. Ce que je ne regrette absolument car c’est une vision plus large et plus complète qui mène à nous interroger sur des problématiques très variées. C’est même parfois déroutant !
Le master a été une période importante pour moi où j’ai découvert la recherche en architecture, et pendant laquelle j’ai pu réfléchir sur les sensations provoquées par l’architecture, la perception de l’espace, en lien avec les neurosciences, en m’intéressant notamment aux personnes fragiles, et plus spécifiquement autistes.
Qu’est devenu ce travail ? Est ce qu’il transparaît dans ton activité d’architecte d’intérieur ?
Mener ce mémoire de master m’a passionnée. J’ai donc décidé de ne pas faire ma HMONP et de poursuivre un an dans le cadre d’un DPEA mon initiation à la recherche.
Je n’ai finalement pas choisi de faire une thèse car des opportunités professionnelles se sont présentées. C’est comme ça que j’ai débuté mon activité professionnelle.
Prévois-tu de reprendre ton travail de recherche ?
Pour le moment non. Bien-sûr que j’y pense et que le manque d’intérêt pour les personnes fragiles dans les travaux de recherche est dommage, mais heureusement, les choses commencent à changer. Je pense que ça n’est pas encore le moment.
Comment est né ce projet d’application de suivi de chantier ?
D’abord, il y a eu mon expérience professionnelle en tant qu’architecte d’intérieur et les difficultés rencontrées au moment du chantier. Et puis la rencontre de mon compagnon.
Nous avions envie de travailler ensemble. Réa est né de nos échanges, de la rencontre de nos compétences en architecture et informatique, avec l’ambition de proposer un outil pour aider au suivi de chantier.
D’autre part, globalement le secteur de la construction évolue beaucoup grâce au numérique et la généralisation du BIM. Mais ces outils restent chers et peu accessibles aux PME. C’est pour cela que nous avons imaginé Réa comme un outil transversal pour tous les professionnels du bâtiment et accessible.
Quels sont les enjeux et objectifs pour vous aujourd’hui ?
Que les phases de test de l’application soient terminées prochainement. Nous avons fait appel à des testeurs pour ça. On a encore beaucoup d’idées pour compléter la première version.
En tout cas, le lancement de l’application est prévu en septembre 2018.
Et puis trouver une situation équilibrée pour nous et notre vie de famille avec notre fille.
Maman et entrepreneur c’est possible ?
Il faut être organisée au départ mais voir son enfant évoluer et grandir, c’est bien-sûr fatiguant … mais tellement enrichissant !
Et puis c’est un autre rapport à l’espace ! On apprend beaucoup en observant.
Peux-tu nous parler de ton expérience d’architecte d’intérieur ?
Je travaillais seule et gérer les projets de A à Z, de la conception au suivi de chantier, en passant par les relations avec les entreprises.
Et c’est en échangeant avec des confrères que je me suis aperçue que nous rencontrions les mêmes difficultés au moment du chantier. Ce qui rend cette phase parfois très chronophage.
J’ai pensé qu’il y avait sûrement quelque chose à faire : pour simplifier et fluidifier les échanges entre tous les acteurs.
Que réponds-tu lorsque des professionnels et des architectes s’inquiètent que tu veuilles permettre aux particuliers de bénéficier de Réa ?
Tout d’abord ce n’est pas du tout pour leur faire concurrence ou leur retirer du travail. Au contraire !
Avoir un outil transversal et accessible à tous donne à Réa une dimension pédagogique. Nous avons notamment beaucoup travaillé sur la visualisation des différentes tâches pour qu’ainsi la gestion du budget soit transparente et que les particuliers puissent comprendre et “voir” le travail de l’architecte. Avec des graphiques et des visuels ça devient concret.
Et après Réa ? Des projets ?
Il faudra d’abord apprendre un nouveau métier de gestion d’entreprise une fois que l’application sera terminée avant d’envisager une évolution professionnelle. On pense également à intégrer d’autres compétences spécifiques une fois cette phase test terminée.
Néanmoins quand on est “concepteur dans l’âme”, si l’on peut dire, ça manque de ne pas faire de projets d’architecture. Et c’est toute la difficulté de notre métier, en tout cas pour expliquer ce que l’on fait et valoriser nos compétences parce que la conception demande un travail permanent et continu pour se nourrir des environnements qu’on observe et de formation aussi. On ne s’arrête jamais vraiment …
Crédits : Agathe Raguit @aer-architecture