ETRE ARCHITECTE C'EST AUSSI | Retour d'expérience de Saint-Martin

Dans cette série d'articles "Etre architecte c'est aussi", j'essaie de vous présenter les différentes missions qu’un architecte peut assurer ou est appelé à mener, au-delà du travail d’agence que l’on connaît mieux.
Mi-avril, Miroslav Datzov, architecte à Paris et Saint-Martin, m’a proposé d’intégrer une équipe de compétences missionnée par le Ministère d’Outre-mer pour réaliser des enquêtes après l’ouragan IRMA à Saint-Martin.

QUARTIER D'ORLEANS | crédits photo : AER

J’ai immédiatement accepté, me suis organisée pour pouvoir commencer cette mission dès la semaine suivante … à Saint-Martin !
J’ai rencontré les autres membres de l’équipe et la porteuse du projet, Magali Moulin, la veille du démarrage des enquêtes à Grand Case. J’ai ainsi mieux compris les enjeux de cette mission et n’ai pas du tout regretté de m’embarquer ainsi dans cette aventure !
Nos interlocuteurs étaient la Collectivité de Saint-Martin. Nous devions créer une base de données sur l’état des logements après IRMA ainsi que décrire les conditions de vie des habitants depuis la catastrophe.

Des périmètres avaient préalablement été définis et nous avions quatre semaines complètes pour mener un maximum d’enquêtes, avec un minimum de 35 enquêtes quotidiennes par membre. Cinq architectes étaient sur le terrain à Saint-Martin. Les deux derniers membres de l’équipe étaient restés en Guadeloupe pour le traitement des données et la réalisation de la plateforme informatique (une géomathématicienne et un informaticien).
Grâce à la création d’une application spécifique, nous avons réalisé les enquêtes équipés d’une tablette pour prendre des photos et remplir un questionnaire dont le contenu avait été validé préalablement par le Gouvernement et la Collectivité de Saint-Martin.

Sur le terrain, nous sommes accompagnés par des agents de la Collectivité. Ce partenariat s’est avéré très important dans mon cas pour apprendre rapidement la culture de Saint-Martin et connaître les problématiques actuelles et passées de la société saint-martinoise.
Pour ma part, j’ai réalisé des enquêtes à Sandy Ground, Quartier d’Orléans, Grand Case, Saint-James et Agrément.
De façon générale, notre travail était bien vu par les habitants de l’île et nous étions bien accueillis. Travailler dans plusieurs quartiers a été très enrichissant.
Notre rôle était également d’être à l’écoute en tant qu’intermédiaire entre la Collectivité et la population Car en effet, IRMA a été un ouragan terriblement destructeur et sans précédent : classé en catégorie 5 - la plus élevée - sur l’échelle de Saffir-Simpson, ayant touché 90% des bâtiments de l’île d’après l’article du Parisien dans la nuit 5 au 6 septembre 2017.

Pour résumer, je retiendrai que :
l’organisation urbaine est associée à la vie en famille des habitants (souvent les membres d’une même famille vivent dans la même rue), Saint-Martin est une île cosmopolite (80% des enquêtes que j’ai faites étaient en Anglais, 5% en Espagnol et 5% en Français), bien que nommé “ouragan” le risque naturel qui a frappé l’île était de différente nature selon la géographie de l’île : submersion marine, vent, pluies importantes, boue descendant des reliefs ou apportée par l‘eau des étangs et des canaux, certaines habitations ont également été fortement endommagées par le tremblement de terre avant l’ouragan.

Intervenir dans ce cadre et participer à cette mission ont été pour moi très importants en mettant au service de populations fragilisées les compétences d’une équipe pluridisciplinaire développant un outil spécifique.
De plus, travailler de nouveau sur la notion de risque naturel fait écho à mes réflexions menées dans le cadre du projet de diplôme en 2012 et du concours organisé par la Fondation Rougerie en 2014.

Crédits : Agathe Raguit @aer-architecture