RENCONTRE | Margherita Manfra, membre fondatrice du collectif Orizzontale.

Architecte et urbaniste formée en Italie et en France, Margherita Manfra est aujourd’hui membre du collectif Orizzontale qu’elle a participé à créer en 2010.
Engagée très tôt dans les pratiques issues du recyclage et du réemploi, elle intervient aujourd’hui avec son agence Orizzontale dans l’espace public et les délaissés urbains.
Elle nous a ouvert grand les portes de leur atelier romain, composé d’un superbe atelier de menuiserie et d’une belle salle à manger pour cette coloc des plus créative.

L'ATELIER | crédits photo : Orizzontale

L'ATELIER | crédits photo : Orizzontale

Bonjour Margherita, merci de nous recevoir ici à Rome. Pourrais-tu te présenter ?

Ciao, je suis Margherita, architecte et membre d’un collectif basé à Rome. Ici l'entrée de notre atelier, vous êtes plus que bienvenus !

Qu’est ce qui t’a amené à travailler sur la récupération dans tes projets ?

Mes premières expériences autour du thème du recyclage remontent aux années universitaires, et notamment un workshop à l’Ecole de Lille, où j’ai fait mon Erasmus, « reUSE ». Après ça j’ai commencé à faire des petit projets avec des amis quand nous étions étudiants. Nous avions beaucoup d’envies et la volonté d’expérimenter des façons d’intervenir dans les espaces urbains. Mettre en oeuvre des “déchets” étaient la solution qui nous a permis de tester des petit projets de mobilier dans l’espace public. Une matière première disponible et abondante : que demander de plus !
De cette situation de besoin, nous avons découvert la valeur économique et créative des matériaux recyclés : ils représentent un cycle vertueux dans la société productive, en portent avec eux la mémoire du passé et un prélude à des utilisations futures possibles.
Ainsi qu'avec les déchets matérielles, on peut travailler avec les déchets urbains pour mettre en place des synergies entre ces zones oubliées et fournir de nouveaux scénarios de développement pour les villes et leurs communautés.

Peux-tu nous en dire plus sur ton rôle au sein du collectif et votre organisation de travail “horizontale” ?

Orizzontale, nom qu’on a choisi pour notre collectif, possède une signification ouverte qui pour certains fait allusion à l’espace horizontal des villes, pour d’autres aux terrains communs, ou encore à l’organisation interne du collectif… enfin, chacun y voit ce qu’il veut !
Nous sommes tous architectes et nous avons étudié tous dans la même université, enrichit par des expériences d’étude et de travail à l’étranger. On a, bien sûr, chaque nos sensibilités et des personnalités singulières.  Nous avons donc décidé que dans l’atelier tous les membres du collectif partagent devoirs et honneurs : à chaque fois on peut être chef de projet, concepteur ou exécutant, et ça c'est utile pour apprendre et ne pas s'ennuyer.

Des collaborations éventuelles ?

Nous aimons collaborer avec d'autres personnes dans nos projets d’espace public : professionnels, étudiants et citoyens sont toujours des présences qui enrichissent le processus de transformation urbaine.
Dans le bureau, au contraire, nous n’acceptons pas de collaboration : en ce moment nous ne pouvons pas le gérer, mais nous n'excluons pas qu'à l'avenir nous puissions nous ouvrir aux autres formes de travail collectif.

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton travail et tes projets ?
 
Malgré quelques -  d’ailleurs très réel - clichés sur l'état de notre profession au cours des dernières années, j’aime mon travail. Je me sens chanceuse pour de nombreuses raisons : nous travaillons en équipe et nous agissons dans les espaces collectif des villes, où on rencontre situations et personnes très différentes. Par ailleurs, nous réalisons concrètement nos projets, en pouvant contrôler de cette façon l'ensemble du processus, de l'idée à la définition des détails ; enfin, en travaillant on fait toujours des expériences nouvelles et nous sommes engagés dans différentes activités.

C’est fatiguant mais passionnant : construire littéralement tous les jours notre profil professionnel !

L'EQUIPE | crédits photo : Orizzontale

L'EQUIPE | crédits photo : Orizzontale

8 1/2 | crédits photo : Orizzontale

8 1/2 | crédits photo : Orizzontale

8 1/2 | crédits photo : Orizzontale

8 1/2 | crédits photo : Orizzontale

Pourrais-tu nous parler de tes sources d’inspiration dans ton travail  ?

Nous avons grandi professionnellement en observant les expériences des pionniers de ce mouvement en Europe (raumlaborberlin, EXYZT, Fattinger, Bruit du frigo, les expériences espagnoles de Arquitecturas Colectivas, etc) ainsi que des architectes et group contemporaines (Collectif ETC, Assemble, etc). De toute évidence, à Rome, nos inspiration viennent de l'approche situationniste de Stalker depuis les années 90, et encore avant, l'Estate Romana de Nicolini, où l’éphémère urbain a joué un rôle social en sollicitant l'imaginaire collectif.
Quels sont les projets dont tu es la plus fière ou que tu as préféré réaliser ? Pour quelles raisons ?
J’ai bien aimée tous nos projets, chacun d’eux a été pour moi une expérience de croissance personnelle et professionnelle et ça pourquoi nous avons fait de notre travail beaucoup plus qu’une entreprise.
Cela dit, il y a sûrement des projets plus significatifs auxquels je tiens particulièrement : notre début à Rome, avec Spazio Open Source, intervention situé dans l’espace d’entrée au Forte Prenestino, réalisé quand on était encore étudiants ; le premier concours international qu’on a gagné avec le projet 8½ dans le Musée Maxxi ; ou encore les expériences partagées avec autres groupes et professionnels d’Europe.

Sur quoi travailles-tu en ce moment ?

Nous avons à peine conclu deux projets : le premier ici à Rome, dans une place pas loin de notre atelier qu’est - ou pourrait être, et on a bien commencé un processus pour le réaliser avec des interventions temporaires - un lieux central dans un quartier multiethnique et très peuplé, actuellement dépourvu d'espaces pour la collectivité. Le deuxième projet à été développé aux Pays Bas, dans la ville d’Utrecht, et il s’agit d’une installation dans le cadre d’un projet d’art public, qui se développe au sein d’un gros projet urbain.

Quels sont tes projets à venir ?

Dans les prochains mois on travaillera sur thématiques différentes: l'intérieur d'un magasin à Rome, où on projet et réalise les mobiliers, l’aménagement d’un petit jardin en Sardaigne (entre le programme « Nouveaux Commanditaires », financé par la Fondation de France), une collaboration avec le festival Zooart (dans la ville de Cuneo et sa région) et le Politecnico di Torino pour promouvoir, conjointement avec la formation des étudiants, la réalisation d’appareils pour l’espace public et la production d’art dans des circuits locaux ; enfin, le projet d’un espace public pour la municipalité de Aprilia, une ville pas loin de Roma.

Et tes envies pour Orizzontale ?

Et bien sur j’espère qu’il y en aura beaucoup plus de ces que je connais maintenant !

L'ATELIER | crédits photo : Orizzontale

L'ATELIER | crédits photo : Orizzontale

ICEBERG | crédits photo : Orizzontale

ICEBERG | crédits photo : Orizzontale

URBANAUTS' UNITS | crédits photo : Orizzontale

URBANAUTS' UNITS | crédits photo : Orizzontale

Crédits : Agathe Raguit @aer-architecture

Agathe Raguit