FOCUS | Visite d'Eden Project
Pour mon intervention aux Rencontres de la Permaculture en 2017, j’ai décidé de présenter des projets que j’avais visité aux ambitions et aux programmes différents.
L’un de ces projets était Eden Project, en Cornouailles (Grande-Bretagne), dont j’avais entendu parlé pour sa collection de plantes exotiques et ses structures architecturales monumentales. Lorsque j’ai vu des images du projet sur Internet, j’ai été curieuse de comprendre pourquoi des personnes liées à la permaculture et à l’écologie insistaient pour que j’aille visiter Eden Project.
A l’origine du projet, Tim Smit, amateur de botanique, imagine un espace récréatif et pédagogique mettant en scène des environnements végétaux exotiques, abrités par de grandes serres, qu’il appelle biodômes.
Ayant déjà travaillé sur Lost Garden, Tim Smith souhaitait démontrer avec Eden Project la capacité de la Nature à reprendre ses droits et se réapproprier un territoire exploité par l’Homme. En effet, il choisit l’installer Eden sur le site d’une ancienne mine d’extraction d’argile.
Le parc a ouvert en 2000 et depuis plus de 16 millions de personnes sont venues contempler les “biodomes”.
Ces premières recherches n’évoquaient pas une quelconque réflexion environnementale du projet. D’autre part, du point de vue architectural, les dômes sont des structures géodésiques en métal couverte d’une double peau en ETFE (un plastique thermoformé).
Et pourtant, Eden Project est un projet complexe, où la dimension économique du business plan de l'attraction touristique est liée à un projet environnemental, et social.
Ce sont ces considérations qui m’ont permis de parler d’Eden lors des Rencontres de la Permaculture, car même si le projet n’est pas défini comme lié à la permaculture, son approche et la gestion globale du site en font un projet intéressant à analyser.
Nicholas Grimshaw, l'architecte du projet, disait récemment au journal The Guardian qu'au delà des défis constructifs, ce qui l'a le plus marqué dans cette expérience, ce sont les rencontres humaines.
Un véritable partenariat a pu naître entre les deux hommes, impressionnés réciproquement par leurs idées et leurs compétences. Cette sympathie réciproque a permis au projet d’émerger malgré le fait que rien ne pourrait se faire si les subventions de la Commission Millenium n’étaient pas obtenues.
La forme architecturale retenue est née des contraintes environnementales et programmatiques. L’emprise au sol devait être minimale, tout en proposant un volume généreux, et la structure devait rester légère. Eden a également été pensé pour nécessité le moins possible d’énergies additionnelles. La plus part de la chaleur nécessaire aux environnements reproduits est générée passivement par énergie solaire. La ventilation et le maintien de l’humidité ambiante nécessaires consomment également très peu d’énergies et la régulation est gérée par ordinateur.
Il y a également tout l’environnement construit autour et avec les biodomes.
Le centre pour les visiteurs, notamment, qui a été voulu comme un lieu d’exposition d’une économie sensible à l’environnement, depuis le bâtiment jusqu’aux produits proposés à l’achat. Et the Core qui a été ouvert en 2005 qui est le centre éducatif de Eden, ou encore le siège de la fondation Eden paré de lamelles d’aluminium. Vous trouverez toutes les informations sur la fondation en cliquant ici.
Le mot d’ordre pour tout cet ensemble bâti étant d’utiliser des matériaux dits légers.
Malheureusement je ne peux pas aujourd’hui être plus précise sur les techniques utilisées et le degré d’engagement environnemental dans la construction des différents éléments car je n’ai moi-même pas encore trouvé ces informations. Tous les bâtiments ne sont pas non plus accessibles aux visiteurs. Et Grimshaw étant aujourd’hui une firme mondiale, difficile de trouver des interlocuteurs pour en savoir plus.
Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui Eden Project se vend comme un concept et que des projets seraient en cours en Chine, en Australie et en Nouvelle-Zélande (voir schéma ci-dessous).
En tout cas, je pense que ce qui est intéressant à retenir sur ce projet dans le cadre de notre
interrogation sur les liens entre architecture et permaculture, c’est qu’avec Eden, le projet a été pensé dans son ensemble et l’architecture sert et est parti prenante du projet. Le travail de l’architecte a d’autant plus d’impact qu’il s’inscrit dans un schéma global pour proposer une architecture efficiente, que ce soit en termes d’espaces ou d’économie par exemple. C’est en cela que selon moi et la définition de la permaculture que je vous ai proposé, cette architecture peut être qualifiée de “permaculturelle”.
Crédits : Agathe Raguit @aer-architecture